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Jorges Luis Borges, La biblioteca de Babel, 1941
JEAN HÉBRARD
DES ÉCRITURES EXEMPLAIRES :
L'ART DU MAÎTRE ÉCRIVAIN EN FRANCE
ENTRE XVIe ET XVIIIe SIÈCLE
Sur les quatre acceptions du mot exemple données par Furetière dans l'édition de 1690 de son Dictionnaire universel deux concernent l'écriture et l'art du maître écrivain : « Exemple, en termes d'écriture, est une ligne ou deux qu'escrit un Maistre Escrivain en haut d'une page, pour donner à imiter à ses escoliers. Exemple est aussi le travail que font les escoliers en remplissant la page où on leur a donné Y exemple. Les maîtres donnent congé à leurs escoliers, quand ils ont bien fait leur exemple». Dans ces deux usages, le mot est souvent au féminin : «une exemple». Il se distingue alors sans équivoque de ses emplois masculins qui désignent soit la personne donnée à imiter (ou à ne pas imiter), soit le tour rhétorique par lequel on utilise une comparaison plutôt que des explications pour aider à concevoir ou à imaginer une notion ou un processus complexes.
Les premiers recueils d'exemples d'écriture manuscrite conservés datent du XVe siècle. Ils se présentent quelquefois comme des cahiers dont seule la partie haute de la page est occupée par de petits textes calligraphiés, d'autrefois comme des liasses de feuillets assemblés dans l'ordre de l'alphabet, chacun d'entre eux étant dédié à une lettre. Les textes destinés à exercer la main de l'élève ou à montrer l'habileté du maître sont très divers. On trouve des fragments de psaumes, des moralités, des proverbes, des textes galants, des textes vantant les qualités du maître qui les a tracés, des formules de chancellerie, etc. Le manuscrit conservé à Montpellier, par exemple, est fait de trois cahiers assemblés : un alphabet accompagné de textes latins (incomplet), un alphabet accompagné de textes français et un ensemble composite comportant des modèles d'écriture en latin et en français. Les exemples consacrés à chacune des lettres sont donnés dans une belle textura gothique avec l'initiale ornée de grotesques. Les textes sont des fragments de la messe des morts pour le latin (Pour la lettre A : «{Liberal Animas omnium fidelium defunctorum»; pour la lettre R : «Re- quiescat in pace, Amen», etc.). En français, ce sont plutôt des couplets galants (Pour X : «Xristine doulce pucelle a vostre / bonne grace me recommande tant» ou encore pour S : «Se vous navez pitié du corps au moins ayez pitié de l'ame / cest jour d'hui ma belle dame»). Ces modèles sont certainement dus à la production de maîtres d'écriture plus ou moins itinérants qui tiennent école là où ils sont appelés et recherchent la clientèle d'adolescents ou d'adultes appartenant aux milieux de la bourgeoisie urbaine, de la boutique et de l'échoppe. Ils sont actifs en France depuis le XIIIe siècle et se distinguent peu de cet assemblage hétéroclite de professionnels de l'écriture qui monnaient leurs savoirs soit pour en transmettre les principes et l'usage (maîtres des écoles de grammaire, des régences latines, de certaines petites écoles même), soit pour mettre au service d'au- trui cette compétence spécifique (secrétaires, scribes, clercs de village, notaires ou tabellions, écrivains publics, etc.), soit encore pour mêler l'une et l'autre activité.
La corporation des maîtres-écrivains fut instituée en 1570 par lettres patentes du roi Charles IX. Le secrétaire particulier du roi, Adam Charles, lui avait représenté l'utilité qu'il y aurait de former une compagnie d'hommes experts dans l'art d'écrire, à la science desquels on pût faire appel pour la vérification des écritures, signatures, comptes et calculs contestés en justice! En conséquence, huit des plus habiles parmi les maîtres d'écriture furent choisis pour constituer ce corps d'experts vérificateurs ; et la communauté ainsi créée reçut en même temps le privilège exclusif « d'enseigner les enfants tant à l'écriture qu'au jet et calcul, à Paris et par tout le royaume ».
Le nombre des membres de la corporation s'accrut bientôt ; on compta parmi eux, aux seizième et dix-septième siècles, des artistes qui acquirent de la célébrité en leur genre : citons entre autres Jean de Beauchêne, auteur d'une méthode d'écriture qui parut en 1580 ; Guillaume le Gangneur, d'Angers, qui publia en 1590 de remarquables modèles d'écriture française, italienne et grecque, gravés par Frisius ; Jean de Beau-grand, qui fut choisi pour enseigner l'écriture à Louis XIII et composa pour lui un livre gravé par Firens ; de Beaulieu, de Montpellier, auteur d'un ouvrage gravé par Mathieu Greuter et publié en 1624 ; Desperrois, qui fit paraître un ouvrage du même genre en 1628. Sous Louis XIII, le Parlement de Paris, qui s'intéressait aux progrès de l'écriture et désirait bannir les défauts qui rendaient beaucoup d'écritures cursives difficiles et fatigantes à lire, ordonna aux maîtres-écrivains de s'assembler et de travailler à fixer les principes d'une écriture correcte. Deux de ceux-ci furent chargés par leurs collègues de présenter au Parlement des modèles : Louis Barbedor exécuta un exemplaire de lettres françaises ou rondes, et Le Bé un exemplaire de lettres italiennes ou bâtardes. Le Parlement, après avoir examiné ces modèles, décida par un arrêt du 26 février 1633 « qu'à l'avenir on ne suivrait point d'autres alphabets, caractères, lettres et forme d'écrire, que ceux qui étaient figurés et expliqués dans ces deux exemplaires ».
Le privilège accordé aux maîtres-écrivains d'enseigner seuls l'écriture et le calcul ne pouvait manquer de susciter des réclamations de la part des maîtres d'école. En effet, ceux-ci se voyaient contester un droit dont ils avaient joui jusque-là moyennant l'autorisation du grand-chantre, pour les écoles épiscopales, ou celle des curés, pour les écoles de charité des paroisses. A Paris, la question fut portée, presque aussitôt après la fondation de la corporation, devant les autorités judiciaires.
Le Châtelet rendit, le 25 juin 1598, une sentence favorable aux maîtres écrivains, par laquelle il était ordonné que les maîtres d'école « ne pourraient bailler à leurs écoliers aucuns exemples que de monosyllabes ». Mais les maîtres d'école firent appel de ce jugement le 22 avril 1600 le Parlement de Paris leur donna raison, en décidant que, « suivant les arrêts des 15 janvier 1580 et 5 septembre 1584, les maîtres d'école de la ville et faubourgs de Paris pourront enseigner leurs écoliers à former les lettres et écrire, et outre leur bailler exemples en lignes, sans pouvoir tenir école d'écriture ni montrer l'art d'icelle séparément ».
Le droit des maîtres d'école à « bailler exemples en lignes » ayant été reconnu, on se querella ensuite pendant un demi-siècle à propos du nombre de lignes dont les exemples d'écriture pourraient être formés. Un arrêt du 2 juillet 1661 régla ce point important, et défendit aux maîtres d'école « de mettre plus de trois lignes dans les exemples qu'ils donneront à leurs écoliers » ; mais ce même arrêt leur reconnut le droit exclusif de montrer à lire, et défendit aux maîtres-écrivains d'empiéter sur ce terrain réservé, en concédant toutefois à ceux-ci le droit d'enseigner l'orthographe : les maîtres-écrivains, dit le Parlement, « pourront avoir des écrits ou des livres imprimés pour montrer l'orthographe, sans que pour ce ils puissent aucunement montrer à lire ».
Nederlandse Spreekwoorden is een olieverfschilderij uit 1559, geschilderd door Pieter Bruegel de Oude.
1 Daar zijn de daken met vladen bedekt
2 Zij zijn onder de bezem getrouwd. / Vrijen onder één dak is een groot gemak.
3 De bezem uitsteken.
4 Hij ziet door de vingers
5 Daar hangt het mes*
6 Te patijnen staan
7 Zij hebben elkander bij de neus.
8 De dobbelsteen is gevallen.*
9 De gekken krijgen de beste kaart
10 't is naar 't vallen van de kaart
11 Hij schijt op de wereld
12 De omgekeerde wereld*
13 Door het oog van de schaar zien*
14 Laat een ei in het nest.*
15 Hij heeft tandpijn achter zijn oren.
16 Tegen de maan pissen./Hij heeft tegen de maan gepist.
17 Zijn dak heeft een gat.*
18 Een oud dak heeft vele reparaties nodig.*
19 Het dak heeft latten.*
20 Daar hangt de pot uit.
21 De gek zonder zeep scheren.
22 Het groeit het raam uit.*
23 Het zijn twee zotten onder één kaproen.
24 De ene pijl na de andere verschieten./Men moet niet al zijn pijlen verschieten.
25 Zij zou de duivel op een kussen binden.
26 Een pilaarbijter.
27 Zij draagt water in de ene hand en vuur in de andere.
28 Hij heeft de koek op het hoofd./ Hij braadt de haring om de kuit./ Zijn haring braadt er niet.
29 Hij heeft meer in zich dan een lege haring.* / De haring hangt aan zijn eigen kieuwen.*
30 Hij zit (of valt) tussen twee stoelen in de as.
31 Wat kan de rook het ijzer aandoen.*
32 De klossen vallen in de as.*
33 De hond in de schapraai vinden.(Een schapraai is een provisiekast)
34 Hier trekt de zeug de tap uit.
35 Met het hoofd tegen de muur lopen.
36 Bent u een krijger of bent u een boer?
37 De kat de bel aanbinden.
38 Tot aan de tanden gewapend.*
39 Een ijzervreter.*
40 De hennetaster./Ongelegde eieren zijn onzekere kuikens.
41 Altijd aan één been knagen.
42 Daar hangt de schaar uit.
43 Hij spreekt met twee monden.*
44 De ene scheert de schapen, de andere de varkens.
45 Veel geschreeuw en weinig wol.*
46 Scheer ze, maar zuig ze niet uit.*
47 Geduldig als een lam.
48 De ene rokkent wat de andere spint. (rokken is wol op een rokken (klos) winden)/ Zie dat daar geen zwarte hond tussen komt.
49 Hij draagt de dag met manden uit.
50 De duivel een kaars ontsteken.
51 Bij de duivel te biecht gaan.
52 De oorblazer.
53 De vos en de kraai hebben elkander te gast.
54 Wat heb je aan een schone tafel, als deze leeg is?*
55 Hij is een opschepper.*
56 Het is hem aangerekend.*
57 Te laat de put gevuld, als 't kalf verdronken is.
58 Hij laat de wereld om zijn duim draaien.
59 Een stok in het wiel steken.
60 Men moet zich krommen, wil men door de wereld kom(m)en.
61 Ons heer een vlassen baard aandoen.
62 Rozen voor de varkens strooien.
63 Zij hangt haar man de blauwe huik om.(een huik is een mantel)
64 Hij steekt het varken door de buik.
65 Twee honden aan één been komen zelden overeen.
66 Op hete kolen zitten.
67 Het vlees aan het spit moet begoten worden./ Het is gezond in het vuur te pissen.*/ Zijn vuur is uitgeblust.*
68 Men moet het gebraad aan het spit leggen, terwijl het vuur brandt./ Met hem is geen spit te draaien.*
69 Hij vangt vissen met zijn handen*/ Een spiering werpen om een kabeljauw te vangen.
70 Door de mand vallen
71 Tussen hemel en aarde zweven.
72 Zij ziet naar het hennenei en 't ganzenei laat zij lopen.
73 Hij gaapt tegen de oven/ Hij moet lang gapen, die de oven overgapen zal.
74 Hij weet nauwelijks van 't ene brood tot 't andere te geraken.
75 Wie zoekt die vindt.
76 Hij zoekt het bijltje./ Een bijl met de steel.*
77 Een harkje zonder steel.
78 Die zijn pap gestort heeft, kan niet alles weder oprapen.
79 Zij trekken aan het langste eind.
80 De liefde is aan de kant waar de geldbuidel hangt.*/ Hij houdt zich vast.*
81 Hij zit in zijn eigen licht./ Er zoekt niemand anderen in de oven, die niet zelf daarin was...*
82 Hij speelt op de kaak.(een kaak is een schandpaal)
83 Hij valt (of springt) van de os op de ezel.
84 Het spijt de ene bedelaar, dat de andere voor de deur staat.*
85 Hij kan door een eiken plank heen zien, waar een gat in zit.*
86 Zijn gat aan de poort vegen./ Hij draagt zijn last.*
87 Hij kust de ring.*
88 Achter het net vissen.
89 Grote vissen eten de kleine.
90 Hij kan niet zien dat de zon in het water schijnt.
91 Geld in het water gooien.
92 Zij schijten alle twee door één gat.
93 't hangt als een kakhuis boven een gracht.
94 Hij slaat twee vliegen in één klap.(Vlaamse vertaling en vlgs. mij correct) (In de Duitse vertaling staat : Hij wil twee vliegen met één klap raken*; oftewel hij wil teveel; precies dus het tegenovergestelde)
95 Hij kijkt naar de ooievaar.
96 Aan de veren herkent men de vogel.*
97 De huik naar de wind hangen.(een huik is een mantel)
98 Hij want pluimen in de wind.(hij schudt veren in de wind*)
99 Het is goed riemen snijden uit andermans leder.
100 De kruik gaat zo lang te water tot hij barst.*
101 Hij heeft een paling bij de staart.
102 Tegen de stroom op zwemmen.
103 De kap op de tuin hangen.
104 Hierom en daarom gaan de ganzen barrevoets.(Vlaamse verklaring)/ Hij ziet de beren dansen/ Wilde beren zijn graag bij elkaar*
105 Wie vuur eet, schijt vonken.*/ Hij loopt alsof hij vuur in zijn kont heeft.*
106 Waar het hek open is, lopen de varkens in 't koren./ Mindert de schoof, zo wast het varken.
107 Hij steekt zijn neus in brand om zich aan de kolen te warmen./ Als het huis brandt, warmt men zich aan de kolen./ Hem is 'evenveel wiens huis er brandt, als hij zich maar bij de kolen warmt/ Goede soldaten vrezen geen vuur./ Waar rook is is ook vuur
108 Gescheurde muur is saan ontset
109 Voor wind is goed zeilen.
110 Een oog in 't zeil houden.
111 Ben ik niet geroepen om de ganzen te houden, laat het ganzekens wezen./ Wie weet waarom de ganzen blootvoets gaan.*
112 Paardenkeutels zin geen vijgen.
113 Hij sleept het blok.*
114 Angst doet de ouden rennen.
115 Hij beschijt de galg.
116 Waar aas is vliegen de kraaien.*
117 Als de ene blinde de andere leidt, vallen zij beiden in de gracht.
118 De reis is nog niet gedaan, al ziet men kerk en toren staan.
Paul Otlet
Traité de documentation
POSTFACE
Ce livre, commencé par un clair matin, s’achève précipitamment un soir aux ombres déjà lourdes. Je le dédie à ma femme, compagne, collaboratrice et gardienne des bons et des mauvais jours. Je le souhaite aux mains de mon petit-fils, l’autre génération. Ne pouvant en remettre le sort à mes compatriotes, je le confie à mes amis de toutes les nations : Décimalistes, Documentalistes, Humanistes, Mundanéistes !
On rapporte qu’Héraclite ne parvenant pas à intéresser ses contemporains, jeta son manuscrit derrière l’autel du Temple d’Artémise, dans l’espoir qu’il y serait retrouvé plus tard par des hommes de meilleure compréhension. Ainsi nous en parvinrent des fragments, objet déjà d’une immense littérature. — Il n’y a plus de Temple d’Artémise, mais il y a l’Imprimerie, il y a les Typographes, obscurs et loyaux amis.
Bruxelles, hors le Palais Mondial, août 1934,
où le jour 15e, ici se réunit le Conseil de
l’Institut International de Documentation.
LIBER : LUX, INSTRUMENTUM, CONSOLATIO : FICTIO
MUNDUS : NATURE, HOMO, SOCIETAS, DEUS
NOVAM EVOLVERE HUMANITATEM — MELIOREM EXALTARE
CIVILISATIONEM — ALTIORES CUM REBUS JUNGERE IDEAS —
OPUS MAXIMUM INSTRUERE MUNDANEUM.
211 NOTION ET DEFINITION DU LIVRE
2
Le Livre et le Document
Il y a lieu d’examiner successivement:
1. La notion générale du Livre et du Document.
2. Leurs éléments constitutifs: matériels, graphiques, linguistiques, intellectuels.
3. Leurs parties.
4. Leurs espèces ou types.
5. Les documents graphiques autres que les publications imprimées: manuscrits, cartes, estampes, archives, musiques, inscriptions.
6. Les autres espèces de documents, livres ou documents graphiques qu’on peut considérer comme leurs substituts: objets et appareils de démonstration, disque, film, etc.
7. Les opérations, fonctions, activités auxquelles donnent lieu le Livre et le Document: facture, description, critique, distribution et circulation, conservation, utilisation, destruction.
LE LIVRE EN GENERAL
211 Notion et Définition du Livre et du Document.
1. Définition générale.
Les livres — étant entendu par ce terme générique les manuscrits et imprimés de toute espèce qui, au nombre de plusieurs millions, ont été composés ou publiés sous forme de volumes, de périodiques, de publications d’art — constituent dans leur ensemble la Mémoire matérialisée de l’Humanité, en laquelle jour par jour sont venus s’enregistrer les faits, les idées, les actions, les sentiments, les rêves, quels qu’ils soient, qui ont impressionné l’esprit de l’homme.
Les livres sont devenus les organes par excellence de la conversation, de la concentration et de la diffusion de la Pensée, et il faut les considérer comme des instruments de recherche, de culture, d’enseignement, d’information et de récréation. Ils sont à la fois le réceptacle et le moyen de transport des idées.
Le développement de la production, le bon marché et l’excellence des éditions, la variété des matières traitées, la refonte à intervalles rapprochés des ouvrages fondamentaux selon des ensembles de plus en plus complets, de mieux en mieux ordonnés, ce sont là des circonstances qui concourent à accroître l’importance du rôle social des livres.
A côté des livres proprement dits, il y a la multitude des documents de toute espèce qui n’ont pas été publiés ou ne sont pas destinés à l’être.
La définition la plus générale qu’on puisse donner du Livre et du Document est celle-ci: un support d’une certaine matière et dimension, éventuellement d’un certain pliage ou enroulement sur lequel sont portés des signes représentatifs de certaines données intellectuelles.
2. Les plus petits documents.
Le plus petit document c’est une inscription, la borne milliaire qui porte le nom d’une localité et un kilométrage. Le poteau qui porte “stop” ou ralentissement, une simple figure conventionnelle de la signalisation (rond, triangle, barrière fermée). C’est même moins, c’est le signe que le boyscout trace à la craie sur les arbres ou les rochers; sur papier c’est la carte de visite un nom suivi éventuellement des titres et de l’adresse; c’est le timbre-poste tout petit, plus petit encore le timbre réclame et toutes les petites étiquettes.
3. Le Biblion
Il y a désormais un terme générique ((Biblion ou Bibliogramme ou Document) qui couvre à la fois toutes les espèces: volumes, brochures, revues, articles, cartes, diagrammes, photographies, estampes, brevets, statistiques, voire même disques phonographiques, verres ou films cinématographiques.
Le “Biblion” sera pour nous l’unité intellectuelle et abstraite mais que l’on peut retrouver concrètement et réellement mais revêtue de modalités diverses. Le biblion est conçu à la manière de l’atome (ion) en physique, de la cellule en Biologie, de l’esprit en psychologie, de l’agrégation humaine (le socion) en sociologie. L’atome a donné lieu à une représentation de plus en plus précise et sur la base de laquelle se sont engagées toutes les recherches et discussions. (C’est Bohr qui en a donné la première figure.)
a.) Dans le cosmos (ensemble des choses) le livre ou Document prend place parmi les choses corporelles (non incorporelles), artificielles (non naturelles), et ayant une utilité intellectuelle (non matérielle).
Les créations matérielles sont ou des productions ou des productions ou des moyens de produire des utilités intellectuelles.
b.) Les choses ont avec les documents des rapports de diverses espèces:
1° Rapport de choses signifiantes à choses insignafiées, ce qui constitue le fondement même de la documentation.
2° Les choses elles-mêmes traitées comme objet de documentation quant à titre de spécimen et échantillon elles figurent dans des collections documentaires (musées, expositions).
3° Les choses créées, modèles et mécanismes pour démonstration scientifique, éducative ou publicitaire.
4° Les marques de toute nature portées sur les objets et qui servent à leur identification et signalisation.
5° L’application par analogie des méthodes de la documentation à l’administration des choses elles-mêmes (Documentation administrative).
c) Les écrits ont la propriété dite par l’adage « scripta manent verba volant », Les écrits restent si les paroles s’envolent. Mais au point de vue de la rigueur de la pensée on peut proposer en termes latins cet autre adage, les termes s’échelonnant en degré :
verba divagantur
scripta concentrant
constructiones coordinant
mechanica logicant
1° La parole peut divaguer. Autant dit, autant en emporte le vent. La parole étant successive peut se traduire sans qu’elle soit autre chose qu’une série de points, dont le lien matériel simplement sonore, est si léger qu’elle peut flotter en tous sens.
2° Les écrits concentrent la pensée de qui les établit. Ils sont en surface. On les lit, pouvant revenir dans le texte d’avant en arrière. Les liens logiques de la vérité s’ils ne sont pas réels peuvent facilement être décélés.
3° Les constructions, stéréogrammes à trois dimensions, coordonnent strictement les idées. Par les vides et les surcharges, par les trois directions de l’idée qui doivent être concordantes, qui permettent un contrôle facile, il est déjà plus difficile de s’aventurer dans des développements superficiels et mal étudiés.
4° Les machines enfin sont les logiciennes par excellence. Elles ne sauraient entrer en mouvement et s’y maintenir que par le jeu rigoureusement exact, concordant et simultané de toutes leurs parties.
d) Le Document offre de la Réalité une image à la sixième dérivation. On a en effet les termes intermédiaires suivants : 1° Le Monde (ou la Réalité elle-même) ; 2° Les Sens de l’homme qui perçoivent le monde exactement et complètement ; 3° L’Intelligence, qui élabore les données sensorielles ; 4° La Langue, instrument social de communication ; 5° La Science, ou connaissances collectives ; 6° Le Document composé par l’Intelligence et pour exprimer la Science.
Chacun de ses intermédiaires est une cause de déformations et de frictions absorbant l’énergie intellectuelle. Tout effort doit donc être fait : a) pour supprimer ou atténuer les déformations et les frictions intermédiaires ; b) pour créer des moyens de percevoir ou se représenter la réalité.
4. Définitions littéraires du Livre.
L’homme passe, le livre reste. — Le livre porte aux générations futures la lumière, la consolation, l’espérance et la force (Milton). — L’imprimerie c’est l’artillerie de la pensée (Rivarol). — Le livre forme un cercle distingué, nullement bruyant, mais toujours vivant, dans l’intimité duquel on se repose à loisir (Montaigne). — Les livres réalisent la conversation imprimée (Ruskin). — Les livres sont des amis muets qui parlent aux sourds (Proverbe flamand). — L’organisation humaine la plus puissante, l’avantage le plus grand pour une société, c’est la mise à la portée de tous des trésors du monde emmagasinés dans les livres (Carnegie). — La littérature est le souffle vital de la civilisation, le sel du corps social (Wells).
Le livre, c’est la passion de répandre ses idées sur le monde et de les faire partager à tous les hommes (Suarez).
« Le livre, mais qu’est-ce donc pour qu’il attire à ce point qu’on l’aime avec passion quand on l’a connu ? Un livre est une voix qu’on entend, une voix qui nous parle, qui gagne notre confiance, d’autant mieux qu’elle s’insinue plus doucement, plus intimement ; c’est la pensée vivante d’une personne séparée de nous par l’espace et le temps. C’est une âme, une âme dont nul ne peut prévoir le destin, la durée et qui va auprès et au loin souvent, on ne sait où, dans l’univers connu, communiquer avec d’autres âmes, leur apporter ses beautés et ses laideurs aussi, la vérité et l’erreur, hélas, souvent ; une âme prenante, à peu près toujours, à cause de son contact intime, seule à seule, avec l’autre âme qu’elle touche, capable par conséquent de la faire magnifique et sublime, perverse ou dégradée. Et donc âme qui réclame des soins délicats, âme qui exige des attentions spéciales de tous ceux qui l’entourent et lui facilitent son élan. » (Gabriel Beauchesne.)
Le plus grand personnage qui, depuis 3000 ans peut-être fasse parler de lui dans le monde, tour à tour géant ou pygmée, orgueilleux ou modeste, entreprenant ou timide, sachant prendre toutes les formes et tous les rôles, capable tour à tour d’éclairer ou de pervertir les esprits, d’émouvoir les passions ou de les apaiser, artisan de factions ou conciliateur de partis, véritable Protée qu’aucune définition ne peut saisir, c’est le Livre. (Egger.)
L’Humanité est un homme qui vit toujours et qui apprend sans cesse. (Pascal.)
In Bibliothecis loquuntur defunctorum immortales animæ. (Plinius senior.)
Nullus esee librum tam malum ut non aliqua parte prodesset. (Plinius senior.)
Libri muti magistri sunt. (Aulus Gellius.)
212 Analyse des caractéristiques du Livre et du Document.
Du nombre immense des livres particuliers existants, on dégage par analogie la notion du livre en général. Il en est du livre comme des machines. Dans les premiers temps, chaque machine était considérée comme un tout, composé de parties qui lui étaient propres. À de rares exceptions près, les yeux de l’esprit ne distinguaient pas encore, dans les machines, le groupe de précision que nous désignons aujourd’hui sous le nom de mécanisme. Une machine était un moulin, un brocard était un procédé et pas autre chose. C’est qu’en réalité, il faut que la pensée sur un sujet donné ait déjà fait bien des progrès pour être à même de distinguer ce qu’il a de général dans ce qui est propre à ce sujet : c’est la première distinction entre la pensée scientifique et la pensée ordinaire. (Reuleaux. Cinématique, p. 11.)
Il faut envisager les caractéristiques du livre à la manière dont le naturaliste considère les espèces animales, végétales et minérales. La conception d’un type général et abstrait, le livre, s’en dégage à la manière dont la Zoologie, la Botanique, la Minéralogie, conçoivent l’animal parallèlement aux animaux, la plante parallèlement aux plantes, le minéral parallèlement aux minéraux. Il y a lieu d’examiner successivement :
1° Les éléments constitutifs du livre ou document ;
2° Ses diverses parties et leur structure ;
3° Les espèces ou familles d’ouvrages.
L’examen de ces données a sa raison d’être en soi et à toute fin. Il sert aussi de base aux opérations de collationnement, de bibliographie, de catalogue et de classement et leur donne un fondement scientifique et rationnel.
La détermination des caractéristiques d’un livre est indispensable pour le reconnaître et l’identifier. Cette détermination individuelle ne saurait se faire qu’en fonction des caractéristiques générales.
212.1 Caractéristiques générales.
Le livre peut être envisagé au point de vue des caractéristiques suivantes :
1° La Vérité (le vrai) ; 2° La Beauté (le beau) ; 3° La Moralité (le bien) ; 4° L’Originalité ; 5° La Clarté (compréhensibilité) ; 6° La Valeur économique (commercialité) ; 7° La Nouveauté.
Les documents ont en commun avec la parole de pouvoir ne pas exprimer la vérité. Ils ont en plus d’elle la possibilité de se présenter sous des dehors fallacieux, fausses attributions aux auteurs erronés ou pseudonymes, fausses dates, fausses indications d’éditeur, d’imprimeur, d’édition, etc. L’erreur volontaire, le mensonge volontaire peut être le fait de l’auteur. La propagation des documents apocryphes, trouvés ou défigurés, la diffusion intentionnelle d’informations mensongères peut être le fait de tiers. L’une et l’autre sont de nature à causer un dommage à la Vérité en soi, et aux personnes, physiques ou morales dont elles viendraient à diminuer la situation.
La nouveauté entraîne toute la documentation comme elle entraîne toute la vie contemporaine. Le journal, la T. S. F., le film, luttent de vitesse pour procurer au public insatiable le maximum d’informations dans le minimum de temps.
212.2 Qualités et défauts des livres.
Les qualités d’un livre-document répondent aux trois critères supérieurs : vrai, beau, bon. On dira par exemple un vrai et un faux bilan, les fausses Décrétales : la bonne presse, les beaux livres.
Dans un ensemble de livres, les variations individuelles oscillent autour d’une moyenne (fluctuations). Un grand nombre ont une valeur moyenne ; sont peu nombreux les réels mauvais livres, très rares les livres supérieurs. Dans un diagramme ou statistique on retrouve la courbe dite en cloche ou de fréquence (Polygone de Quetelet).
Les défauts d’un livre sont : Erreur ; lourdeur, désordre dans l’exposé ; confusion de l’essentiel et de l’accessoire ; lacunes, arriéré.
L’installation du Musée international au Palais du Cinquantenaire, commencée en 1914, avait été retardée par la première guerre mondiale. En 1920, le Musée international et les institutions créées par Paul Otlet et Henri La Fontaine occupent une centaine de salles. L’ensemble sera désormais appelé Palais Mondial ou Mundaneum.
212.3 Le livre, capital et outil.
Le livre est un capital d’idées qui s’amasse et se tient en réserve. L’homme accumule les idées et les faits comme il accumule les produits.
Le livre est une arme, un outil.
« Martin Luther, qu’on juge mal parce qu’on s’obstine à le considérer comme un théologien, fut surtout un patriote allemand, le plus grand idéologue contesté de ce pays. Il manie le pamphlet au lieu du cimeterre, mais il sait l’art d’armer les nobles contre les clercs. »
(Péladan.)
212.4 Unité, multiples et sous-multiples.
L’unité physique, matière du document, est marquée soit par la continuité matérielle de sa surface (ex. : la surface d’une lettre, d’un journal), soit par un lien matériel entre plusieurs surfaces (ex. : les feuilles reliées d’un livre), soit par un lien immatériel (ex. : les divers tomes d’un même ouvrage).
L’unité intellectuelle est la pensée.
Comme en toutes choses, on peut distinguer aussi dans le document : 1° l’unité ; 2° les parties ; 3° leur totalité ; 4° une pluralité d’unités ; 5° la totalité des unités.
On a vu précédemment ce qu’on peut considérer comme unité intellectuelle. Il y a des multiples et sous multiples des unités matérielles et intellectuelles.
Toute chose considérée dans son ordre propre est placée au degré d’une échelle dont les deux extrémités sont le néant d’une part et la totalité d’autre part. Dans l’échelle de la série ainsi établie, on choisit plus ou moins arbitrairement une unité d’où l’on puisse procéder dans les deux directions montante et descendante. En ce qui concerne la Documentation, l’unité sera le livre, ses multiples seront les ensembles formés par le livre tels que les collections (bibliothèques) et ses sous-multiples seront des divisions telles que ses parties (chapitres, etc.).
212.5 Équation du Livre.
Sous une forme condensée et en se reportant aux tableaux ci-après des éléments et de la structure du livre, la définition générale peut prendre la forme suivante d’une équation énumérant les facteurs :
Ce qui se lit : Livre = éléments (éléments matières + éléments graphiques + éléments linguistiques + éléments intellectuels) : Structure (reliure + frontispice + préliminaires + corps de l’ouvrage + tables + appendices).
En exprimant ainsi la détermination d’un espace (lieu) et d’un temps (date) et les données relatives a l’auteur, l’équation se complète ainsi:

Francesco Lumachi (Nella republica del Libro, Firenze Lumachi. 1907, p. 190) donne du livre la formule suivante non complète :
A = auteur ; t = typographie : e = éditeur ; l = libraire ; P = public ; L = livre.
220 Vue d’ensemble.
Un livre est la réunion de feuilles de papier imprimé. Sur ces feuilles, l’impression, divisée par pages est disposée, recto et verso, de façon à ce que les pages se succèdent en ordre, après la pliure ; car ces feuilles seront pliées plus ou moins de fois sur elles-mêmes selon le format extérieur prévu pour le livre. Puis elles sont assemblées suivant un numérotage, indépendant de la pagination. On nomme ce numéro de feuille la signature de la feuille. Une fois réunies dans leur ordre, on y ajoute, en tête, le titre qui généralement n’est que la répétition de la couverture (le faux titre qui précède ne donne que l’indication du livre), les feuillets contenant la préface, avant-propos, avertissement. On place soit en tête, soit en fin de volume la table des matières. On ajoute les hors-texte, cartes, planches, tableaux, etc. On coud les feuilles, puis on broche, on cartonne ou on relie : C’est le livre.
(Bourrelier).
Un livre est composé de plusieurs éléments : éléments intellectuels (idées, notions et faits exprimés), éléments matériels (substance ou matière disposée en feuilles d’un certain format, pliées en pages) et éléments graphiques (signes inscrits sur la substance). Les éléments graphiques sont le texte et l’illustration. Le texte se compose d’écriture alphabétique et de notations conventionnelles. L’illustration comporte les images, soit dessinées (images à la main), soit photographiées d’après nature (images mécaniques). Les illustrations sont placées dans le texte ou publiées sous forme de planches imprimées au recto seulement, jointes au texte ou mises hors texte, ou réunies en album ou atlas séparé du texte, mais faisant partie intégrante de l’ouvrage.
Le livre peut être envisagé :
1° Comme contenu : les idées qui se rapportent à un certain sujet ou matière, considérés dans un certain lieu et dans un certain temps.
2° Comme un contenant : une certaine forme de livre et une certaine langue en laquelle les idées sont exprimées.
Ces formes, à leur tour, sont de deux espèces : a) la forme de l’exposé objectif, didactique, scientifique, forme susceptible de progrès constant et qui sont comme les moules préparés pour recevoir la pensée ; b) les formes littéraires proprement dites correspondant aux genres et espèces qu’étudie la Rhétorique.
Ces éléments servent de base à la classification.
221 Éléments matériels.
Les éléments matériels du Livre-Document sont constitués par son support, dont les substances peuvent être variées, diverses les formes et dimensions, et distinct le corps même de son enveloppe ou couverture.
221.1 Substance ou support.
221.11 Notions.
1. La principale substance sur laquelle sont portés les signes et qui en constitue le support est le papier.
« L’ère du papier », c’est même une des épithètes qui caractérise le mieux notre époque, mais le papier n’est qu’une des espèces de « matière inscrivante ».
2. Le papier est un moyen de créer et multiplier la surface.
Le papier soulève nombre de questions : La qualité, l’adaptation de différentes sortes aux usages variés auxquels on le destine, la standardisation proposée des formats, celle suggérée de certaine fabrication, les prix en fonction des possibilités de la consommation, les applications inattendues et réminiscentes des papiers et cartons. Le papier et le carton sont dans tous les pays devenus des éléments essentiels de l’organisation actuelle.
221.12 Historique.
1. On a écrit sur pierre, sur métal, sur poterie, sur papyrus, sur parchemin et finalement sur papier.
2. Livre de pierre, si solide et si durable, a fait place au livre de papier, plus solide et plus durable encore. « Ceci tuera cela. »
(Victor Hugo. Notre-Dame de Paris.)
3. Le Papyrus remonte très haut, à 3000 ans avant J. C. soit de plus 5000 ans.
4. Les livres sur papyrus ont du être interdits parce qu’on a écrit des livres en prose exigeant beaucoup d’étendue.
5. Le Parchemin (membrana pergamena). Il doit son origine à une querelle de Bibliothécaires. Pergame et Alexandrie étaient les deux grandes bibliothèques du Temps. Elles rivalisaient pour le nombre des livres. Un souverain d’Égypte, pour enlever aux copistes de Pergame leur matière première, interdit l’exportation du papyrus. À Pergame, on y répondit en perfectionnant un procède déjà ancien : l’écriture sur peau : parchemin.
6. Le Papier a été inventé cent ans après l’ère chrétienne pat un Chinois, Tsaï-Loune surnommé Tchong. Il avait imaginé non plus d’utiliser un tissu tout formé comme le papyrus, mais de produire l’espèce de feutrage qui est le papier, avec des fibres qu’il demandait aux vieux chiffons, aux débris de filets de pêche et même à l’écorce des arbres. Tsaï-Loune trouva, en somme, la méthode générale qui devait se perpétuer jusqu’à nous, dans le procédé de fabrication comme dans la matière première employée.
Le papier était inconnu en Europe jusqu’au XIIe siècle, époque où il fut importé de l’Orient par la voie de la Grèce. Sa préparation fut d’abord concentrée en Italie, en France et en Allemagne au XIVe siècle, et ce n’est que vers le milieu du XIVe siècle, alors qu’il était devenu d’usage presque général, qu’il commença à devenir le rival du velin comme matière du livre.
Le Papier pénétra dans l’Europe chrétienne avant la fin du XIIIe siècle et alors c’était l’Italie qui conduisait le monde. La manufacture de papier ne gagna l’Allemagne qu’au XIVe siècle et ce n’est qu’à la fin de ce siècle qu’elle devint assez abondante et assez bon marché pour que l’impression des livres soit une affaire pratique.
221.13 La fabrication du papier.
1. Le papier a d’abord été fabriqué à la main, dans des appareils dit « forme ». La première machine à papier date de 1828. La fabrication maintenant est continue et aboutit à des rouleaux de papier.
2. Depuis plus d’un demi-siècle, c’est au bois que l’on demande de fournir la matière première servant à la fabrication du papier. Le bois y sert sous forme, soit de pâte dite « mécanique » entrant dans les papiers les plus ordinaires, soit de pâte « partie chimique ». Ce dernier produit provient de la désagrégation du bois par des agents chimiques. Il a beaucoup plus de valeur que les précédents et s’emploie pour fabriquer des sortes de papiers supérieurs.
3. L’industrie de la cellulose et du papier en Suède et Norvège est actuellement en voie de transformation. En raison d’une moindre longévité du papier préparé avec la cellulose du bois par le procédé au bisulfite de chaux, comparée avec celle du papier de chiffons, on tend à remplacer, pour la digestion de la pulpe de bois, le bisulfite par la soude caustique. Celle-ci serait préparée sur les lieux mêmes d’utilisation en prenant du sulfate de soude de fabrication anglaise : ce sel est traité pour soude par un procédé analogue à celui de Leblanc. Ce mode de préparation de la cellulose est donc appelé fort improprement procédé au sulfate. Il donnerait un papier de très bonne conservation.
4. En principe, le papier est composé de cellulose, c’est-à-dire une combinaison dans laquelle entrent 36 grammes de charbon et 41 grammes d’eau.
Le beau papier autrefois se faisait de vieux chiffons de lin et de chanvre, mais les fibres de ces végétaux ont été remplacés par tous les végétaux plus ou moins fibreux ou par ceux dont la tige creuse est désignée sous le nom de paille : riz, maïs, ortie, houblon, genêt commun, bruyère, roseaux de marais, joncs, aloès, agave, bambous, alfa, phormium, tenax, hubuscus, mûrier à papier (broussonetia), arable papyfera, etc. On a été jusqu à utiliser les tiges de réglisse, de guimauve, de pois, de pommes de terre, les feuilles de chataîgnes, voire même les algues marines.
En Indochine, on imprime sur du papier fabriqué avec du bambou, avec de la paille de riz et du tranh ou herbes à paillottes dont il existe, là-bas, des quantités inépuisables. Le tranh donne un papier très étoffé, très solide ; la paille de riz, au contraire, un papier très blanc mais fragile. On va utiliser les plus qui couvrent en Indochine des milliers de kilomètres, et le « papyrus cyperus », qui au Gabon, produit un papier magnifique. On va utiliser également le « ravinata », le « votoro », le « herana », végétaux très abondants à Madagascar.
On a proposé d’utiliser les feuilles des arbres. Elles se composent d’un tissu vert, le parenchyme soutenu par des nervures. Un broyage suivi d’un lavage permet d’isoler les nervures seules utilisables ; le parenchyme tombe en poussière et peut servir à la fois de combustible. La France importe annuellement 500.000 tonnes de pâte à papier, qu’elle paye cent millions de francs. Or ses arbres laissent choir annuellement de 35 à 40 millions de tonnes de feuilles. Il suffirait de 4 millions de tonnes pour fabriquer tout le papier consommé en France et en outre 2 millions de tonnes de sous-produits utiles. [1]
5. La fabrication du papier a fait des progrès considérables en ces dernières décades. Le progrès a porté sur les machines ; il porte maintenant sur les matières employées. On fabrique du papier au latex de caoutchouc qui, par l’imperméabilité qu’il confère aux feuilles, les met à l’abri de tout rétrécissement. N’étant pas absorbant, il demande moins d’encre ; sa souplesse facilite la pliure du papier.
6. Le film en celluloïd est devenu un support dans la photo et dans le cinéma. Il est en voie d’être remplacé par le film sonore en papier, incombustible, complété par le film photographique en papier.
Le papier a été longtemps le support-roi. Le celluloïd, par le film, a tendu à le détrôner. Mais on entrevoit qu’à son tour le papier pourra bien l’évincer.
7. Ainsi, de compositions en compositions, de substituts en substituts, le papier tend à ne plus être ce qu’il était à son origine, mais sa fonction dominant sa composition, peu importe sa substance, pourvu qu’il puisse le mieux servir soit de support aux signes, s’il s’agit de livres et de documents, soit de support ou de couleurs et de motifs s’il s’agît d’usage décoratif, soit encore de simple protection ou résistance s’il s’agit d’emballage, de couverture ou de confection d’objets.
On sait quel immense problème d’ordre économique pose aujourd’hui le papier, à raison du fait que les forêts s’épuisent, qu’on va les chercher de plus loin. On étudie actuellement, dans les laboratoires, le moyen de substituer au bois et à la pâte de bois, des graminées que l’on pourrait faucher tous les ans, qui seraient, en quelque sorte, comme le papyrus ancien, ce qui permettrait de mettre fin à ces hécatombes de forêts, lesquelles pourraient avoir d’autres destinations.
Nous serions à la veille d’une révolution dans l’industrie du papier. Les perfectionnements techniques ont, depuis la guerre, fait passer la production journalière par machine de 30 à 100 tonnes. Mais on considère maintenant pouvoir demander à la paille un substitut du papier. Le nouveau papier pourra mieux être conservé que l’actuel, auquel une longétivité de quinze ans seulement est assurée. Du nouvel état de chose résultera un déplacement des centres de production du papier, qui sont aujourd’hui au Canada et en Norvège, le pin et le sapin étant par excellence des arbres à papier.
On est arrivé à une sorte de substance unie mais constamment renouvelée. Le papier blanc des usines se couvre de caractères. On le lit. Après usage on le renvoie aux usines d’où, refondu, il ressort en blanc pour servir de substratum à de nouvelles et éphémères inscriptions.
221.14 Espèces de papier.
1. Les papiers sont d’espèces multiples. [2]
Papier vergé. Papier de Hollande. Papier Whatman. Velin : il a la transparence et l’aspect de l’ancien vélin véritable. Papier de Chine (fabriqué avec l’écorce de bambou). Papier de Japon. Simili Japon. Papier de ramie. Papier d’Alfa. Papier indien. Papier léger. Papier parchemin. Papier Joseph. Papier végétal. Papier bulle.
2. La durée d’un livre est en rapport étroit avec la qualité du papier dont il est fait : on pourrait classer les livres de bibliothèque en cinq catégories suivant la qualité du papier employé à leur confection.
a) Les livres imprimés sur du papier léger, ordinaire, connu sous le nom d’antique ou « poids plume ».
b) Ceux imprimés sur du papier fortement chargé et bien calandré.
c) Ceux imprimés sur différents genres de papiers d’art ou papiers couchés.
d) Les livres faits en papier d’épaisseur moyenne, sans charge excessive de matières minérales et composés en grande partie de cellulose de bois et de paille.
e) Le papier renfermant plus de 25 % de bois mécanique.
Il existe maintenant des papiers en imitation-couché (supercalandré), si parfaits qu’on peut les utiliser à la place de papier couché. Pour les ouvrages qui réclament beaucoup de texte sous un petit volume, il y a le « papier-bible », appelé en anglais « india-paper ».
3. Les papiers bouffants, mis à la mode par l’Angleterre et l’Amérique, ont l’avantage d’être légers et par conséquent avantageux tant pour leur prix intrinsèque en poids que pour le prix des livres. Les papiers bouffants d’alfa sont souples et s’impriment bien, mais ils encrassent les caractères parce qu’ils sont fort pelucheux et ralentissent le tirage.
4. Le papier indien, rapporté de l’Extrême-Orient en 1841, est fabriqué couramment depuis 1874 par la Oxford University Press. Ce papier est opaque, résistant et très mince. Les ouvrages imprimés sur ce papier atteignent à peine le tiers de l’épaisseur habituelle.
Le papier « biblio-pelure-India » est extrêmement mince, tout en étant résistant. L’épaisseur des volumes tirés sur ce papier n’atteint que le tiers de celle des volumes tirés sur papier ordinaire. Il peut n’atteindre que 28 grammes au mètre carré, tout en étant parfaitement opaque. Le tirage sur ce papier est destiné aux appartements et aux bibliothèques encombrées.
Le papier léger en poids mais non transparent a de l’importance pour les ouvrages de documentation. Par exemple, le papier de l’Annuaire Militaire de la S. D. N. 1928-1929. 5e année, a permis d’augmenter la matière en diminuant le volume de la publication.
Papier mince, très solide pour le Bædeker de Suisse. Doublé en matière sous le même volume. 568 pages plus les cartes ne forment qu’un volume de 25 millimètres.
5. Le papier Hydroloïd « Vi-Dex » ne craint ni les manipulations multiples, ni la moiteur des doigts ; il peut impunément être mouillé, chiffonné et sali ; après lavage et séchage, il ressort intact et utilisable. L’encre ordinaire ne subit même pas les atteintes de l’eau.
221.15 Qualité du papier.
1. Le papier a pour caractéristiques :
a) Le format ou la longueur et la largeur des feuilles ou rouleaux.
b) La force. Ex. 110 gr. le m2.
Papiers extra minces, minces, forts, extra forts, carton.
La mesure du papier s’établit en m². Ex. : M2 = 43 gr. avec 10 % de charge.
2. Les papiers sont collés ou non collés, couchés ou en frictions. Ils se vendent par rames de 500 feuilles, par mains de 25 feuilles ou au poids par de grandes quantités en fabrication. Pour les ouvrages de luxe, on se sert aussi de papier extra-léger, à la cuve, vergé ou velin.
Il est impossible de fabriquer le papier d’une épaisseur régulière mathématiquement exacte ; toutefois la tolérance des variations entre feuilles d’une même fourniture n’est pas prévue par les conditions générales du Code des usages pour la vente des Papiers. Une large tolérance s’impose dans la comparaison de deux feuilles isolées.
3. La couleur du papier sert à des différentiations nécessaires. La force du papier joue son rôle pour la conservation des documents. Du papier fort est indiqué chaque fois que le livre ou le document est soumis à un dur régime ou qu’il doit durer longtemps. Le papier doit être opaque, c’est-à dire ne pas laisser apparaître le texte par transparence.
Une légère teinte du papier lui enlève sa crudité de blanc mat et repose les yeux du lecteur.
4. Le papier d’après sa destination exige des qualités spéciales : le papier à écrire ; celui destiné à l’édition en général, notamment pour l’impression, l’héliogravure, l’offset : les tirages en couleur requièrent des qualités, la finesse du grain, l’élasticité, l’absorption, l’opacité.
Le couché rend l’impression plus délicate, le vergé lui donne l’aspect plus lourd, le papier lisse donne l’aspect le plus normal aux traits. La couleur du papier et celle de l’encre, parfois les deux peuvent améliorer ou détruire la lisibilité.
5. On a fait des recherches pour créer le papier ignifuge, invention utile pour les documents importants, les testaments, les billets de banque.
6. Dans les laboratoires de Bell-Téléphone, on a poursuivi des recherches en vue de produire un papier de l’épaisseur de quelques millièmes de pouces pour servir d’isolateur dans les installations téléphoniques.
7. Le papier porte des marques dites filigranes, dont l’existence sert à l’identification.
M. Briquet a publié une minutieuse description des filigranes des œuvres xylographiées de la Bibliothèque Royale de Munich et a révélé l’existence de 1363 variations de filigranes.
(Der Papier Fabrikant. Berlin, 1910.)
8. Il existe en Allemagne une réglementation pour les papiers destinés à un emploi administratif de l’État. Le Congrès pour la reproduction des manuscrits (1905) a émis le vœu de voir adopter une réglementation semblable pour les papiers destinés à supporter la reproduction de manuscrits.
En 1886 a été établi à Gross Lichterfelde près de Berlin, un institut pour l’essai du papier. À l’origine, son objet était exclusivement de contrôler tout le papier fourni aux services du Gouvernement prussien. Bientôt, il fut utilisé aussi par les commerçants résidant en Allemagne et même à l’étranger, qui désiraient voir vérifier si leurs papiers étaient conformes aux règles formulées par l’Institut. Celui-ci contrôle la composition, le format, l’épaisseur, le poids, la consistance, le toucher, la résistance à l’humidité et le pouvoir d’absorption, la perméabilité à l’égard de la lumière. Au début, les producteurs allemands se montrèrent hostiles à l’établissement de l’institut. Bientôt cette opposition disparut et l’on reconnaît les avantages des essais officiels du papier. Aujourd’hui on attribue à cet institut une partie du succès du développement de la fabrication du papier en Allemagne. [3]
Un laboratoire officiel d’analyses et d’essais de papier fonctionne au Bureau des Standards, à Washington.
Les questions relatives à la conservation du papier ont été examinées par la Commission de Coopération Intellectuelle. Le New-York Times, pour répondre aux desiderata de la conservation du papier, imprime maintenant une édition spéciale sur « All-Rog Paper ».
La Library Association (London) a formé un Comité pour l’étude des questions relatives à la durabilité du papier. [4]
221.16 Consommation et prix.
221.161 CONSOMMATION.
Pour toute la France, la consommation du papier destiné au livre serait de 180 à 200 mille kg. par jour, celle du papier à journal de 60 mille kg.
Le tiers de la consommation totale du papier pourrait être du papier d’impression ordinaire, tandis que le papier d’emballage comprend environ les deux tiers.
Ces dernières années, la consommation du bois a considérablement augmenté. La superficie du sol en forêt est de 61 % en Russie et de 4 % en Angleterre. Les forêts du Canada et de l’Amérique ont été décimées. Les États-Unis consomment annuellement 90 millions de traverses. On prévoit une famine de bois aux États-Unis et au Canada dans quinze ou vingt ans.
Les États-Unis en 1880, consommaient trois livres de papier à journaux par tête d’habitant chaque année. En 1920, il en consomme 35. Cette année-là, le papier aurait formé un rouleau de 73 pouces de large d’une longueur de 13 millions de milles. Les quotidiens ont une circulation journalière de 28 millions de numéros et de l’Atlantique au Pacifique, il y a plus de 100 quotidiens tirant à plus de 100,000.
Il faut signaler les méfaits de l’industrie du papier au point de vue de la déforestation. Ce sont de véritables forêts qu’il faut, en effet, pour assurer le tirage quotidien de 30,000 journaux, dont quelques-uns s’impriment à plusieurs millions, et celui des 200 volumes, ce chiffre représentant la moyenne de tous ceux oui se publient chaque jour dans le monde. Ces 30,000 journaux, tirant à dix milliards 800 millions d’exemplaires, consomment journellement mille tonnes environ de pâte de bois ; exactement 350,000 chaque année. C’est, avec les livres et les revues, la charge de 37,500 wagons de dix tonnes, traînés par 1,800 locomotives, c’est-à-dire à peu de chose près, l’effectif du matériel d’une grande compagnie, ou encore le plein de 180 paquebots. Et encore, il n’est pas tenu compte des papiers d’emballage, cartons, prospectus, papiers à écrire, etc. Aussi bien, c’est 350 millions de m³ que doit fournir chaque année en Europe la coupe de bois. La France en donne 6.5 millions, l’Angleterre neuf millions, et la Russie, la Norvège, le Canada, les États-Unis fournissent le reste. Mais les États-Unis consomment à eux seuls 900 millions de m³. On coupe donc les arbres, on détruit les forêts pour alimenter tous les jours cette fabrication fantastique. Mais un arbre ne repousse ni en un an ni en dix.
Une semaine de publication d’un des journaux actuels à fort tirage, c’est une forêt qui sombre quelque part.
221.162 PRIX.
L’immense consommation de papier de notre temps en a fait une matière à spéculation économique considérable. Pendant la guerre mondiale, après la guerre, le papier a subi des hausses vertigineuses sans rapport avec les conditions normales du marché. La spéculation et l’âpreté au gain ont été remarquables. La tendance générale aux trusts a trouvé ici des réalisations.
Le papier est tombé de 24 centimes en 1862 à 2 centimes en 1900.
Le papier journal qui avant la guerre se vendait 28 fr. les 100 kg., était en février 1918 à 180 fr.
Le prix du papier est devenu excessif dans les pays où la monnaie a été dépréciée au cours de la guerre. On peut dire, par exemple, qu’en Belgique, alors que le coefficient de dépréciation de la monnaie est de 7, on paie jusqu’à 12, 14 et 15 le papier. C’est immédiatement une entrave à la production.
Le papier qu’on payait en 1914, 30 fr. les 100 kg. en France, y monte jusqu’à 415 fr.
Pendant la guerre, le papier et l’argent manquent.
Quand le papier a manqué en France, en avril 1916, la Presse a sollicité que le Gouvernement obtienne de l’Angleterre un bateau pour aller chercher la pâte nécessaire au Canada.
La disette de papier amena la suppression de l’étendue des journaux. On parla même de supprimer un grand nombre de journaux.
Arrêté français du 2 février 1918 portant restriction à l’épaisseur des papiers à imprimer, au nombre et à la dimension des affiches, aux dimensions des programmes des théâtres, à l’emploi des gros caractères dans la composition des livres.
(Bibliographie de la France, 8 février 1918.)
La cherté du papier conduit à la concision.
Antérieurement, on connut une crise de papier sous la Révolution française. [5]
Le vieux papier a sa valeur. On a payé (octobre 1932) les rognures blanches 125 fr., le bouquin n° 1 33 fr., le journal blanc 65, le journal froissé, 26 fr. Par comparaison le journal appelé les bobines se payent 125 fr., le couché blanc supérieur 400, l’impression supérieure 220.
221.17 Usages du papier.
Le Papier a des usages multiples. Son usage pour la documentation (écrire et imprimer), mais ses autres usages multiples aussi : emballage, tentures, matière d’objets usuels (serviettes, nappes, assiettes, plats, gobelets, etc.).
On a tiré du papier des effets mats ou brillants, des loques, des veloutés, des plissés, des grains nouveaux imitant les matières les plus riches, d’une variété insoupçonnée, qui ont fait d’un habillage banal un nouvel élément décoratif. Il a un rôle décoratif. Le papier sert à l’emballage, à la tenture, à la construction de maints objets. C’est une surface souple, simple, pas coûteuse, prête à toutes fins. Le mode de présentation (emballage) exerce une influence prépondérante sur les résultats recherchés par le producteur, le papier assurant aux produits des chances de diffusion sérieuse.
L’usage des boîtes se multiplie avec une variété infinie, à mesure que leur exécution est servie par un matériel mieux adapté. D’autre part, l’emploi du cartonnage publicitaire et même simplement démonstratif et didactique s’est étendu : pancartes, étiquetage, tableaux, des vitrines formes découpées et autres formules attractives à base de carton. Celui-ci intervient maintenant dans l’enseignement pour les constructions du maître et des élèves. Il intervient dans les démonstrations scientifiques et didactiques. Par lui est rendu possible l’établissement de modèles à destination muséographique.
On a opéré des tissages de fil de papier. L’article produit est la toile pour l’emballage et la fabrication de sacs à chaîne de jute ou alternée avec fils de papier et à trame entièrement en papier. Il est question de fabriquer également des tapis, carpettes, nattes et stores en fil de papier ou combiné avec des textiles.
221.18 Matières supports autres que le papier.
Il n’y a pas que le papier. On écrit partout, on écrit de tout, on écrit sur tout. Sur tout, cela signifie sur toute matière, et quelle est vraiment de nos jours la matière qui n’ait pas été revêtue de signes ou d’images. Les inventions tendent à pouvoir écrire sur toute matière et à pouvoir fixer une marque, fût-ce une simple lettre, un numéro sur toutes choses.
1. On écrit et on imprime sur toile. Ex. albums indéchirables sur toile pour enfants de moins de 5 ans, publiés par la maison Hachette de Paris. Toiles dessinées et peintes avec textes indicatifs pour la confection de poupées. Les tissus ont été aussi des moyens d’écrire, peindre et dessiner. (Voir notamment le Musée des tissus de Lyon. On imprime en 3 ou 4 couleurs sur les sacs de jute à l’aide de rotatives sur lesquelles sont fixés des caractères en simili caoutchouc (système Tyger). Impression directe sur toile pégamoïde de cartes géographiques (système Cremers).
2. Edison avait annoncé un jour l’avènement de livres en feuillets de nickel. (Cosmopolitan Magazine, 1911). Le nickel absorbera l’encre d’imprimerie aussi bien qu’une feuille de papier. Une feuille de nickel d’une épaisseur d’un dix-millième de centimètre est meilleur marché, plus résistante et aussi plus flexible qu’une feuille de papier ordinaire, de celui qui sert couramment dans la librairie. Un livre de nickel épais de 5 centimètres contiendrait 40,000 pages et ne pèserait que 460 grammes. Or, Edison alors se faisait fort de fournir 460 grammes de ces feuilles de nickel pour un dollar et quart.
La ciselure repoussée peut être, au même titre que l’eau-forte et la lithographie, considérée comme un moyen de reproduction artistique. La dinanderie, qui existe depuis le XIIe siècle, est de la ciselure repoussée sur cuivre. On a plus récemment appliqué le même procédé de repoussage à d’autres métaux, même à l’or. [6]
3. L’écriture au tableau noir dérivée de l’écriture sur l’ardoise, joue un rôle réel. La démonstration s’y poursuit en des images, des textes, des équations effacées dès que produites. Un coup d’éponge et le document produit disparaît sans nulle trace que dans l’esprit des auditeurs-spectateurs. Les salles des cours s’entourent maintenant d’une ceinture de tableaux noirs, ou concentrés derrière la chaire, ils y étagent leurs plans superposés et mobiles.
4. On écrit non sur de la lumière mais en lumière. On a créé des lettres lumineuses permettant d’écrire de véritables phrases, quand elles sont placées dans leur cadre électrique. On écrit aussi en lettres au Néon.
5. Pendant la campagne électorale, les trottoirs et les rues sont devenus le support des appels aux électeurs.
6. La firme Savage a créé un projecteur d’un million et demi de bougies, avec lequel elle est parvenue à projeter de la publicité sur des nuages à 2,000 mètres de distance. Les lettres ainsi projetées ont 400 mètres de haut. L’appareil est monté sur wagon et un seul opérateur manœuvre toute la machine.
7. On arrive à imprimer les affichettes sur plaque de zinc résistantes. (Ex. : Compagnie des Messageries maritimes.).
8. On écrit aussi sur la peau. Le tatouage est bien connu. Mais voici que l’hôpital de Delaware, à la suite de confusions regrettables dans l’identité des bébés qui lui sont confiés, fait écrire un numéro sur le dos de chacun d’eux à l’aide d’un schlabone et d’une forte lampe solaire.
La Bibliothèque royale de Dresde possède un calendrier mexicain sur peau humaine.
METTRE DES PIERRES AUTOUR DES IDEES